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La leptospirose est une maladie grave et peut toucher tout le monde, surtout suite à une période de fortes pluies. Cette maladie est souvent sous-diagnostiquée. Pour éviter des formes graves, elle nécessite un diagnostic précoce.

En début d’année 2024, La Réunion a connu une épidémie saisonnière d’ampleur inédite. Plus de 200 malades déclarés en 4 mois. Un nombre supérieur à celui survenant habituellement en un an (164 recensés sur toute l'année 2023). 
Le début de l'année 2025, avec un contexte de sécheresse de plusieurs mois, n'a vu apparaître que quelques cas. En revanche, les fortes pluies liées au passage du cyclone Garance ont engendrées une accélération du nombre de cas déclarés. 

En chiffres : 

  • 321 signalements de leptospirose transmis à l’ARS entre le 1er janvier et le 31 décembre 2024. 

  • 298 cas confirmés 

  • 62% des cas hospitalisés plus de 24h

  • 24% des cas pris en charge dans un service de soins critiques (réanimation, soins intensifs, soins continus)

  • 8 décès identifiés (3 en lien direct avec leptospirose. Les 5 autres sont toujours en cours d'investigation)                           

Après quelques jours d’incubation (de 4 à 19 jours en moyenne), la leptospirose se manifeste par les symptômes suivants (qui peuvent être facilement confondus avec d’autres infections telles que la dengue, la Covid-19, etc) :

  • fièvre élevée d’apparition brutale (souvent > 39 °C),
  • forts maux de tête.
  • nausées, vomissements,
  • grande fatigue,
  • douleurs musculaires, articulaires, abdominales,

La maladie peut s’aggraver 4 à 5 jours après les premiers signes et s’étendre au foie, aux reins, aux poumons, aux méninges, et peut être mortelle.

Administrée précocement, l’antibiothérapie diminue le risque de complications et atténue les symptômes.

Pour tout cas suspect*, la PCR doit être effectuée le plus rapidement possible après l’apparition des symptômes (virémie +/-7 jours).

En présence d’un syndrome dengue-like, la dengue, la leptospirose ou d’autres pathologies bactériennes doivent être considérées (typhus murin, fièvre Q, …). Au retour de zones où ces pathologies sont présentes le paludisme, ou le Zika doivent également être envisagés.

*Cas suspect : fièvre souvent élevée et d’installation brutale associée à des douleurs articulaires parfois intenses touchant le plus souvent les membres distaux. Possibilité de douleurs musculaires, de maux de tête et d’un rash cutané maculo-papuleux.

Télécharger la notice d’aide au diagnostic : « Leptospirose, chikungunya et dengue »

Conformément aux recommandations nationales, les professionnels de santé, notamment les médecins, jouent un rôle clé selon trois aspects :

Information et sensibilisation 

Une information ciblée est essentielle pour les personnes exposées aux urines d’animaux infectés, notamment :

- lors d’activités de jardinage, de nettoyage ou d’élevage la kour,

- lors d'activités de pleine nature en milieu humide (la baignade, la pêche en eau douce, le canoë-kayak, le rafting et autres sports de nature), 

- ou en cas de métier à risque : agriculteurs, éleveurs, pratiquants et encadrants de loisirs de pleine nature, agents d’entretien des espaces verts ou des bâtiments.
 

Prévention  

Communication des mesures de protection individuelles et de la nécessité de consulter rapidement un médecin (à qui le patient signalera son activité à risque) en cas d'apparition d'un syndrome grippal. 
 

Prise en charge médicale et thérapeutique 

Le diagnostic doit se faire le plus rapidement possible. Il doit être évoqué devant un tableau évocateur et en cas de contact avec des milieux humides. 

La confirmation biologique fait appel successivement à des prélèvements bactériologiques et sérologiques. La sérologie n’a d’intérêt qu’au bout de 10 jours au moins. 

Le traitement antibiotique est d’autant plus efficace lorsqu’il est pris précocement. 

En cas de suspicion de leptospirose, il est préconisé de délivrer la prescription d’antibiotique avant même la confirmation biologique si des activités à risque ont été identifiées dans les 3 semaines précédant les premiers symptômes.

La vaccination (3 injections puis rappel tous les deux ans) n’est recommandée que dans certaines indications restreintes, posées au cas par cas, notamment dans le cadre de la médecine du travail et en prenant en compte les risques environnementaux et individuels. Ce vaccin ne protège que contre la Leptospira interrogans, et a de fréquents effets secondaires.

La leptospirose est une maladie à déclaration obligatoire depuis août 2023.

À La Réunion, les cas positifs sont déclarés sans délai par les laboratoires de biologie médicale au point focal régional de l’ARS La Réunion. 
Déclarer un cas positif

Pour toute question relevant de la gestion des cas, la Cellule de Veille, d’Alerte et de Gestion Sanitaires (CVAGS) doit être contactée :

Toute situation particulière (recrudescence inhabituelle, regroupement de cas, forme clinique particulière,…) doit être signalée à la cellule régionale de Santé publique France en charge de la surveillance épidémiologique, de la caractérisation des cas et des potentielles formes atypiques : oceanindien@santepubliquefrance.fr.

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